sportsregions
Envie de participer ?

CD 64 rugby

11

mai 2023

« Je marche assis depuis 46 ans »

Publié il y a 11 mois par Béatrice PAGNOUX

« Je marche assis depuis 46 ans »

Le trésorier de Rugby Espoir Solidarité, Jean Ahrancet, a reçu un chèque des mains du président du CD 64, Daniel Pédaillé. L’occasion de faire le point avec cette figure du rugby au service des autres, qui « marche assis » depuis 1977.

image-20230511110219-1.png

Il a soufflé 70 bougies le 19 avril dernier. « Et jamais je n’aurais imaginé, le 13 novembre 1977,
que j’atteindrais cet âge-là » lâche, laconique mais heureux, Jean Arhancet, référent de la commission Cohésion Sociale au CD 64.

Président de la Fondation Albert-Ferrasse de 2011 à 2018, de Rugby Amitié de 1987 – 1995, président fondateur de Rugby Espoir Solidarité de 1996 à 2011, trésorier de cette association nationale depuis 2011, Jean Ahrancet n’a pas perdu son temps. Et il ne manque jamais l’occasion de se rapprocher de ses amis dans le département.
Dernièrement, il a reçu la visite de Daniel Pédaillé, président de notre Comité Départemental. Les deux hommes se connaissent depuis très longtemps. Ils ont évoqué quelques souvenirs bien sûr. Mais pas que. Puisque le patron du rugby départemental, qui mène une croisade lui aussi contre la mort subite du sportif après trois décès dans notre département, a remis un chèque au trésorier de rugby Espoir Solidarité.

Six grands blessés dans le département 
« Nous comptons 101 adhérents à Rugby Espoir Solidarité R.E.S, 20 dans les Pyrénées-Atlantiques dont six grands blessés » souligne Jean.  Jérôme Hort (Lembeye), Eric Camouseigt (Navarrenx), Jean-Luc Luyé (FC Oloron), Pierre Berasteguy (Saint-Jean-de-Luz), Alexandre Barozzi (Lannemezan, vit à Anglet) et Jean Ahrancet (ASPTT Pau). L’assemblée générale du 15 avril dernier a permis de mettre en exergue les difficultés rencontrées par ces anciens joueurs et leurs familles. « Je suis content de voir que ceux qui ont été touchés peuvent faire face matériellement à leur handicap, aménager leur maison etc» souligne le Souletin. « En revanche, un blessé m’a dit qu’il regrettait que tous les bénéficiaires ne soient pas présents à cette assemblée générale ».
Ce rassemblement annuel était l’occasion de faire le point aussi sur les accidents de l’année. « Oui, il y en a de moins en moins et c’est tant mieux. L’objectif est qu’il y en ait encore moins. Ce qui nous fait le plus peur pour les saisons à venir, ce sont les commotions et les crises cardiaques » s’inquiète Jean Ahrancet qui comme les autres adhérents de RES souhaiterait un lien entre l’UNSS, la FFR et la CGA, l’assureur du rugby, en référence à Mathias Dantin, junior du Stade Bagnérais, blessé cette saison lors d’un match scolaire. Encore du combat.

image-20230511101327-1.jpeg

Une figure du rugby basco-béarnaise
Jean est devenu, au fil de ses années de combat au quotidien, une figure du rugby, bien au-delà des frontières de son pays basque natal, il a vu le jour en Soule, à Ainharp et de son Béarn d’adoption depuis 48 ans. Paraplégique durant six mois après ce 13e jour du mois de novembre 77, son état de santé s’est amélioré (sic) lui permettant de vivre en fauteuil depuis. Pas besoin de s’apitoyer ou de chouiner en sa présence, il connaît son état et personne ne sait, quelle vie il aurait eu valide. En tout cas, il apprécie la sienne à sa juste valeur. Elle a été intense et bienveillante au service des autres, ses amis du rugby, les grands blessés.

Invités dans les clubs
Alors à 70 ans, malgré quelques douleurs physiques au quotidien qui le contraignent à serrer les dents, encore et toujours, les aléas de la vie, notamment le décès récent de son vieux copain d’infortune du RC Jurancon Michel Pédebiden, en fauteuil comme lui, Jean poursuit sa mission. 

Chaque jour aux côtés de Marie, son épouse, après le lever et sa séance de maintien musculaire et articulaire, il s’adonne à ses activités associatives et élabore quelques projets. Il est très proche des grands blessés béarnais puisqu’il vit à Lons. «Quatre à cinq fois par an, nous nous organisons ce que j’appelle des moments agréables.» Quand on connaît Jean, on peut traduire par les amis et leurs familles autour d’une bonne table. Marie et Jean Graciannette, bénévoles valides de Sévignacq et très proches des blessés, Hélène Pédebiben, veuve de Michel et les accompagnants, conjoints, parents des blessés sont toujours là. 

« Six a sept clubs du Béarn nous invitent tous à un repas d’avant-match chaque saison aussi. On participe au Tournoi Cancé à Nay, à la course « Rugby au cœur » de Sévignacq en hommage à Fabien Fumat. Les bénéfices ou une partie des bénéfices sont reversés à Rugby Espoir Solidarité.
Cette saison, qui n’est pas terminée, deux joueurs ont déjà été grièvement blessés : Mathias Dantin à Bagnères-de-Bigoore et le pilier du SC Tulle, ancien joueur de Brive, Yusuf Tincer.
Lutter contre la mort subite 

Cette saison, le CD 64 a poursuivi sa mission de protection de la santé de nos jeunes joueurs. En plus d’intervenir concrètement pour lutter contre la mort subite du sportif avec conférences, tournois et autre sensibilisations, le CD et le Conseil Départemental ont permis d’effectuer un pas de géant avec l’électrocardiogramme obligatoire pour tous les élèves des sections sportives rugby de notre département.

Bref rappel des faits

Dimanche 13 novembre 1977. Jean Ahrancet commence
sa journée par arbitrer un match de juniors le matin entre Barcus et Asasp. « Un match houleux, deux joueurs dehors. A l’époque, le carton rouge n’existait pas. »

De retour à la maison, celui qui joue plutôt pilier droit mais « je jouais des deux côtés »  file voir les copains de son club, l’ASPTT (devenu le A de BAL aujourd’hui Billère-ASPTT-Lescar). « Match contre Mourenx » raconte Jean. « J’arrive et l’entraîneur vient me voir. Il manque un pilier. » 

 A la 17e minute, sur mêlée, la vie de Jean Arhancet, postier, de Marie son épouse dévouée et bien au-delà, a basculé. Celle de Claude Carrère aussi. L’arbitre de la rencontre, 90 ans aujourd’hui, n’oubliera jamais ce dimanche non plus. «Depuis, il m’appelle trois fois par an, raconte Jean, ému. A Noël pour me souhaiter un bon Noël, pour le 1erde l’An pour me souhaiter une bonne année et en juillet, je ne sais pas pourquoi. »

 

Commentaires